La gestion différenciée comme préalable à une gestion sans pesticide

Face à l’augmentation des surfaces d’espaces verts qu’elles ont à entretenir avec un personnel et un budget constant (dans le meilleur des cas !), certaines collectivités ont adopté la gestion différenciée comme un moyen d’optimiser le temps, le planning des agents et l’utilisation du matériel. Cependant, la gestion différenciée des espaces publics verts et naturels s’inscrit dans les principes du développement durable et elle permet en réalité de répondre à des enjeux de natures différentes :

Enjeux environnementaux

  • Préserver et enrichir la biodiversité des espaces naturels
  • Limiter les pollutions : intrants phytosanitaires, bâches plastiques et tissées
  • Amener plus de confort (ex : ombrages sur cheminements et stationnements, qualité de l’air et de l’eau)
  • Gérer les ressources naturelles : valorisation des déchets verts, économie de la ressource en eau…

Enjeux culturels

  • Valoriser l’identité des paysages communaux
  • Mettre en valeur les sites de prestige et patrimoniaux
  • Diversifier et transmettre le savoir-faire et l’art du jardinier

 Enjeux sociaux

  • Améliorer le cadre de vie des habitants, en mettant à leur disposition une diversité d’espaces
  • Éduquer le grand public à l’environnement
  • Favoriser l’autonomie des agents

Enjeux économiques

  • Faire face à des charges de fonctionnement de plus en plus lourdes dues à l’augmentation des surfaces
  • Optimiser les moyens humains, matériels et financiers
  • Maîtriser les temps de travaux
  • Adapter le matériel (faucheuse, broyeur…)

La méthode de mise en œuvre d’une gestion différenciée

 La mise en œuvre d’une gestion différenciée dans votre commune suit cinq étapes.

Analyse de l’existant

A - Inventaire quantitatif et typologie des espaces verts

B - Inventaire qualitatif

Détermination des objectifs

Attribution des codes et prescription d’entretien

CODE ou CATÉGORIE 1 : Espaces horticoles (ou de prestige)

CODE ou CATÉGORIE 2 : Espaces jardinés (ou intermédiaires)

CODE ou CATÉGORIE 3 : Espaces à caractère champêtre ou naturel

Communication

Suivi

                                                                    

Étape ❶ - Analyse de l’existant 

La mise en place de la gestion différenciée implique une connaissance de l’ensemble du patrimoine à gérer. Un inventaire permet :

-          de connaître les surfaces à entretenir (inventaire quantitatif).

-          de connaître les caractéristiques de chaque site (inventaire qualitatif).

A – l’inventaire quantitatif : connaissance du patrimoine

L’inventaire quantitatif est l’opération préalable à l’application de la gestion différenciée.

Il permet :

-          de localiser les différents espaces publics,

-          de connaître la surface à entretenir,

-          de lister les tâches d’entretien, leur fréquence et le matériel utilisé.

B – l’inventaire qualitatif

Un inventaire qualitatif permet :

-          de dégager l’identité communale (image d’une commune rurale, caractéristiques d’une commune périurbaine, petite ville...),

-          de définir les ambiances de la commune,

-          de préciser les potentialités de chaque espace public.

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Étape ❷ - Détermination des objectifs 

Avant de travailler par site, la définition des objectifs à atteindre permet d’en avoir une vision globale à l’échelle de la commune. Ces objectifs peuvent être intégrés aux documents d’urbanisme (PLU).

C’est l’étape la plus importante pour la mise en place de la gestion différenciée, portée et validée par les élus. Les objectifs permettent de définir une ligne de conduite tout au long de la démarche. Les étapes qui suivent en découleront naturellement. De plus, les objectifs permettent d’expliquer le nouveau mode de gestion auprès des habitants, par différents moyens de communication. Il est primordial de hiérarchiser les objectifs, site par site, afin de conserver la cohérence de la démarche.

Étape ❸ - Attribution des codes & prescriptions d’entretien 

Il s’agit de traduire les objectifs fixés en un classement des espaces publics selon l’image et le rendu souhaité. Le classement n’entend pas définir des espaces de mauvaise qualité, mais simplement une répartition des espaces verts suivant un entretien basé sur des critères différents.

Après la définition des codes, il est nécessaire de définir les tâches d’entretien à réaliser, de quelle façon, et à quelle fréquence.

Ce travail est à mener avec les jardiniers qui ont la connaissance de terrain.

Nous vous proposons une classification en 3 catégories (= 3 codes), qui nécessite des compromis, mais qui nous semble plus adaptée aux communes rurales de notre territoire. Cette approche aura l’avantage de clarifier vos choix en les simplifiant, de leur donner du sens, un atout essentiel pour une lecture accessible à tous et une mise en œuvre plus facile de votre plan d’action en matière d’entretien des espaces publics.

 

Système de codification simplifié

Code 1      Espaces de prestige

Ce code concerne les espaces « de prestige » dont l’aspect doit être le plus soigné possible.

PRESCRIPTIONS D’ENTRETIEN

Pelouses avec tonte 30 à 40 fois par an, avec évacuation, découpe de gazon, finition au rotofil.

Utilisation de paillages biodégradables dans les massifs arbustifs, vivaces et massifs fleuris.

EXEMPLES

Places d’église, de mairie, squares de centre-ville et placettes, cimetière...

Code 2      Espaces intermédiaires

Le caractère entretenu reste prédominant. Ces espaces doivent avoir un aspect soigné sans présence permanente de l’équipe d’entretien.

PRESCRIPTIONS D’ENTRETIEN

Pelouses avec tonte rotative 15 à 25 fois par an avec évacuation, découpes, finition au rotofil.

Utilisation de paillages biodégradables dans les massifs arbustifs, vivaces et massifs fleuris.

EXEMPLES

Espaces verts de lotissements, espaces de jeux, parcs...

Code 3      Espaces champêtres ou naturels

Espaces de conception libre ou naturelle, sans engrais ni traitement phytosanitaire. Le jardinier accompagne la nature. Il laisse se développer la flore spontanée. Ces espaces sont laissés à leur état naturel et font l’objet d’un entretien sommaire ayant pour but de les maintenir propre (enlèvement de papiers, décharges…).

PRESCRIPTIONS D’ENTRETIEN

Pelouses, prairies, fauche 2 à 3 fois par an avec évacuation, sans finition, écopâturage, pas de

désherbage chimique.

EXEMPLES

Liaisons douces, bassins d’orage, coulées vertes, zones d’activité, Bords de rivière, zones humides,

bois, sentiers de randonnée...

Étape ❹ - Communication 

La communication vers les habitants est un travail d’équipe entre élus et agents. C’est aussi un des piliers de la réussite de la gestion différenciée. Elle suppose la considération, et surtout la participation active de tous. Il s’agit davantage de convaincre que de réglementer, de créer une dynamique sociale plutôt que de fermer quelques espaces protégés. La gestion différenciée est une volonté d’écocitoyenneté et de cohésion de service.

L’engagement des élus

La gestion différenciée s’inscrit dans une perspective de développement durable, elle émane d’une volonté politique. Les décisions d’aménagement de nouveaux espaces verts ne peuvent se faire sans l’appui des techniciens, ce qui permet de tirer parti de leur savoir-faire et de leur expérience de terrain. En effet, ce sont les agents qui entretiennent et connaissent les espaces.

La formation des agents

La gestion différenciée est une remise en cause des pratiques standardisées. L’intégration des préoccupations écologiques nécessite une adaptation des savoir-faire, une diversification, un développement de compétences spécifiques et donc des qualifications précises.

Cela nécessite des formations adaptées sur les nouvelles techniques, et sur la communication avec les habitants. La participation, en amont, et l’adhésion du plus grand nombre des agents constituent un gage de dynamisme et d’évolution.

La sensibilisation des concepteurs

Il est important de réfléchir à la gestion différenciée dès la conception (choix des matériaux, palette végétale, gestion des eaux pluviales…).

La sensibilisation des habitants

Il est nécessaire de sensibiliser les habitants à la gestion différenciée. Les espaces extensifs peuvent vite choquer par leur aspect « négligé ». Pour y remédier, de nombreux outils de communication sont utilisés : presse locale, bulletin municipal, plaquette de présentation, réunion publique, film, exposition, signalétique, éducation à l’environnement pour les enfants et les plus grands, manifestations diverses, visite des serres, zones tests avec panneaux pédagogiques, hôtel à insectes.

La gestion différenciée n’est pas un abandon d’entretien, c’est une gestion adaptée aux spécificités de chaque site. Il est important de ne pas oublier de sensibiliser les résidents secondaires dans cette sensibilisation.

Remarque importante

Si les codes d’entretien sont utiles pour le fonctionnement interne du service espaces verts, il est parfois plus intéressant de parler d’ambiances paysagères aux habitants. En effet, il peut être mal vécu d’habiter en code 3 alors « que l’on paie autant d’impôts » qu’en code 1.

Les ambiances peuvent être par exemple : l’ambiance urbaine dans le centre bourg, l’ambiance rurale, ou bien encore l’ambiance de marais en franges des bourgs, dans les zones peu ou pas urbanisées.

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L'équipe OZP

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